Notre Transatlantique du 09 au 27 janvier 2023

ll était une fois une transatlantique sur Ar-Men. Pour nous elle a duré 16 nuits et 17 jours.

C’est une épreuve physique, voir sportive. A chaque instant, le corps recherche son équilibre. Les trois premiers jours ont été un temps d’adaptation. Le médicament Sturgeron est bien utile pour anticiper le mal de mer. Tout déplacement, voir seulement se mettre debout devient un effort physique. La houle désordonnée ballote le bateau, parfois violemment. Il faut se tenir en permanence.

Le lever de soleil entre Mindelo au Cap Vert et Marie Galante au Antilles

Faire la cuisine demande réflexion et organisation. Il faut avoir tous les ingrédients et matériels nécessaires sous la main, anticiper les coups de gîte. Cuisiner reste un passe temps agréable même s’il demande beaucoup d’attention et de concentration. La satisfaction lors de la dégustation est un réconfort pour vos efforts culinaires. Sur Ar-Men nous sommes épicuriens: bien manger est très important. Après le repas et la vaisselle, vous êtes bien fatigués, comme après une épreuve sportive !

La pêche n’a pas été aussi bonne que pendant les autres navigations. Patrice a pêché deux dorades coryphènes la première semaine. D’abord Madame puis Monsieur le lendemain. Bernadette a fait des darnes : on en a mangé 4 fois.(au four, à la poêle avec du citron et aussi servi avec un beurre maître d’hôtel). Ensuite la pêche est devenue impossible à cause des sargasses qui se prenaient dans le leurre.

Monsieur Dorade Coryphène

Des poissons volants ont arrêté leur vols sur mon pont. Tous les matins, Patrice ou Jeff faisaient leur tour de pont et les rejetaient à la mer. Bernadette en a cuisiné qu’une seule fois car ce n’est pas facile à écailler. Leur goût oscille entre la sardine et le hareng. Jeff, notre équipier, n’a pas apprécié ce poisson…

Poissons Volants frits

Les quarts :

Quand on navigue le bateau doit être toujours sous surveillance. Le jour, chacun vaque à ses occupations, à condition qu’une personne veille dans le cockpit. La nuit, les quarts s’imposent. Le premier est de 22 heures à 1 heure du matin. Le second 1 à 4 heures (c’est le plus difficile à faire). Le dernier est de 4 à 7 heures. Nous avions gardé l’heure du Cap Vert. Mais au fil de la transatlantique le soleil s’est levé de plus en plus tard. Faire un quart, c’est assurer une veille active. Pas question de s’endormir mais parfois les paupières papillonnent… Il faut bouger, s’occuper ! Vérifier la trajectoire du bateau, régler le pilote en fonction du vent, observer les quelques cargos qui croisent notre route (merci à l’AIS qui est un vrai chien de garde). Si les voiles faseyent, il faut régler le pilote et prendre quelques degrés à bâbord ou tribord. C’est plus facile de rester bien éveillé quand vous êtes occupé à suivre la trajectoire d’un bateau pour éviter une collision. Mais rapidement vous êtes bien seuls à des miles à la ronde.

Couché de soleil entre Mindelo et Marie Galante

Pour voir la nuit, une lampe frontale qui éclaire rouge est nécessaire pour éviter l’éblouissement.

La lecture, le sudoku, la météo et les mails grâce à l’iridium GO passent le temps et nous gardent éveillés. Manger quelques fruits secs, gingembre, une soupe Royco apportent du réconfort. Bernadette faisant le dernier quart, elle commence sa journée par des mouvements d’échauffements pour faire fonctionner les articulations surtout celle des jambes et des vertèbres cervicales.

Coucher de soleil voile en ciseaux pour la nuit

Mais avant la nuit il faut me préparer. Une fois la météo bien en tête le capitaine décide de réduire ou pas ma voilure. Il donne les instructions à l’équipage. Si le vent forcit ou que je me balade de trop il faut réveiller le capitaine. Il ne faut pas prendre de décision seul. Je suis pas une barque et les forces en présence sont telles qu’il faut bien réfléchir avant d’entamer une action. Je suis équipé de winchs électrique qui permettent d’intervenir sur mes voiles. La force humaine ne suffit pas. Mais il faut bien observer ce qui se passe pour éviter la casse. Le capitaine me connaît bien maintenant et sa règle d’or c’est l’anticipation. Je suis un bateau costaud et je file confortablement quand je suis bien mené. La mer a passé son temps à me chahuter.

Mais j’ai assuré comme tout l’équipage. Nous avons eu la surprise de rencontrer l’Océanis 50 « Maelena ». Patrice avait réparé son tangon de génois à Mindelo. A la mi-parcours, il tenait encore. Une rencontre carrément improbable..

Océanis 50 Maelena au milieu de l’atlantique

Nous avons eu quelque temps un passager clandestin: une aigrette au milieu de la transat s’est posé plusieurs fois sur le bord des panneaux solaires. Elle semblait épuisée.

Ouf ! je peux me reposer un peu

Une bonne transat c’est le partage des différentes tâches suivant les compétences de chacun. Le capitaine gère le bateau et l’équipier le seconde. Le PPN fait les quarts et s’occupe de l’intendance. Pour que l’équipage soit au top et de bonne humeur il faut bien le nourrir. Bernadette, malgré la houle, a toujours assuré les repas et gâté ses convives avec que des produits frais cuisinés. Le thé à 17h et puis l’apéritif dînatoire le soir participaient à l’ambiance. Avec quelques blagues, anecdotes et quelques histoires qui passent le temps et font du bien.

Jeff et Patrice :avec 4 mains c’est plus facile

ll faut savoir apprécier les levés et couchés de soleil. Quel plus beau ciel étoilé que celui en pleine mer où il n’y a aucune pollution visuel. Observer l’infini et se laisser surprendre à rêver.

La mer, sa couleur, ses vagues qui vous impressionnent et vous malmènent vous enthousiasment et vous fatiguent.

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Nous avions prévu d’aller au Marin en Martinique mais le vent nous a poussé sur Marie Galante à Saint Louis. Nous avons mouillé dans l’anse de Saint Louis. C’est toujours la mer qui décide. Mais il est facile de s’adapter. Le soleil, l’air et l’eau à 27 degrés, les plages de sable blanc, les cocotiers vous accueillent à bras ouverts. Un peu comme les cartes postales de notre enfance.

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La Plage et les cocotiers

Mon équipage fatigué mais en pleine forme est content de retrouver le plancher des vaches.

Une nouvelle vie commence avec de belles retrouvailles et d’autres rencontres.

On retrouve les bateaux Pollicipes, Plumes, Falco, Ael-Mat et Black Pearl.

Une rude épreuve, mais quelle belle récompense..

Au fond à gauche Les saintes, au milieu au fond je me repose juste devant Basse Terre Guadeloupe

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